La raison pour laquelle dans la mythologie chrétienne, l’arbre dont le fruit était interdit à la consommation était « L’arbre de la connaissance du bien et du mal » a bien du sens pour moi. Le poison de l’humanité est l’information, et dans un sens plus général il s’agit de la connaissance. Cette connaissance qui vient troubler l’ordre établi et qui vient défier les forces de la nature. Cette connaissance qui permet d’améliorer le quotidien de l’homme et de vivre mieux, cette même connaissance qui est souvent détournée et utilisée à mauvais escient. Une connaissance vecteur de mauvaises habitudes et d’illusions.

L’accès à la connaissance et à l’information donne l’illusion des possibles, du multiple, de l’infini. Et ces quantités énormes et inédites d’accès à l’information paralyse notre cerveau ne parvient pas encore à les classer, les ordonner et à leur affecter du sens et de la pertinence. C’est là la naissance du mal-être de certains d’entre nous, au choix : – Nous avons du mal à faire des choix car il y en a tellement, lequel prendre ? – Nous avons du mal à être patients et à prendre plaisir à attendre, en oubliant que le temps est notre allié, pas notre ennemi. Pourquoi tout n’est pas aussi rapide et intuitif comme lors d’une navigation sur internet ? – Nous avons du mal à faire confiance à la vie et à l’ordre naturel des choses. Comment faire confiance au flow si nous avons été élevés dans des poulaillers à ciel ouvert ? Où nous étions entretenus et couvés comme des œufs ? Habitués à se tourner vers un référent au moindre quiproquo ?

Nous vivons un autre temps, les jeunes de notre génération vivent moins bien les échecs, les coups durs de la vie et pour cause : la comparaison avec le monde illusoire proposé sur les chaînes de télévision et sur les réseaux sociaux. Ils ont du mal à grandir, à faire des choix, à rebondir, à grandir qui devient trop difficile à accepter : leur vie est plus virtuelle que réelle, dans le sens où ils mettent plus de poids et d’importance à ce qu’ils vivent en dehors de la vie réelle.

Nous faisons face à une nécessité absolue de restructuration en interne. L’humanité va mal, l’humanité va bien technologiquement. C’est là tout le dilemme, l’acceptation de la mort d’une vision du monde, d’un ancien monde pour la construction d’un nouveau.